vendredi 25 mai 2012

21 - 24 mai


Lundi: cours de politique comme je vous l'ai raconté, avec exposé express non préparé :s
Et barbecue en fin de journée.

Mardi: mm... à part les cours je n'ai  aucun souvenirs de cette journée... O_o !
Pour la peine je vais en profiter pour dire un coucou à mes lecteurs, des quatre coins de la planète apparemment. Surfeurs perdus ou lecteurs assidus, je vous salue.

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Mercredi: machine, douche, courses, étendage de linge, boulot, farmer's market, et pic nic à l'arboretum. Ils étaient censés passer Avatar (non pas qu'on aime ce film mais c'était dehors et gratuit alors pourquoi pas), mais l'écran est tombé et le projecteur s'est cassé... on se contentera du pic nic!

Jeudi: aujourd'hui j'ai éclairé ma classe sur la dimension politique de l'art de Michael. Comme prévu, personne n'avait capté le message politique derrière la 2e partie de Black or White, ce qui nous a tous porté à réfléchir sur le degrés auquel l'industrie musicale et les médias en général peuvent manipuler et modeler l'art de "leurs" artistes. La 2e partie de Black or White a été censurée aux USA (en France aussi je crois) et quand ça passe (entre 1h et 3h du mat), c'est une version modifiée avec des graffitis ajoutés là où il n'y en avait pas.
Je vous ai posté mon essai et mon exposé était tiré de mon paper mais je vous la refais en français et en résumé, pour ceux qui ne sont peut être pas familiers avec [em-jay] comme ils l'appellent ici.

Après un clip louant la diversité et la tolérance entre les peuples, les couleurs, les religions, les genres, Michael ajoute une seconde partie à sa vidéo, bien moins mainstream ce qui lui a valu de nombreuses critiques, une obligation à s'excuser, et la censure.
Le refrain de Black or White répète que si tu veux être le/la baby Michael, ça n'a aucune importance que tu sois noir ou blanc. Mais la Panther Dance (la 2e partie du clip) change le message: si, justement, ça change beaucoup. 
Le clip sort en novembre 1991. 
- Les Etats-Unis sortent d'un décennie de Reaganisme, la War on Drugs et le Tough on Crime fait monter le taux d'incarcération des minorités en flèche. 
Evidemment, quand on puni la consommation/détention/vente de crack 100 fois plus sévèrement que celle de la cocaïne, ça fait des disparités entre les classes économiques. Quant aux arguments avançant que le crack est plus addictif ou destructeur que la coke, c'est du bullshit dont le congrès s'est rendu compte et qui l'a mené à rétablir un rapport un peu plus juste dans le Fair Sentencing Act de 2010, mais qui reste toujours à 18/1 en ce qui concerne la disparité dans la sévérité des sentences. 
(cf un rapport de la commission des sentences, au Congrès en 2002, p.62 pour les stats démographiques quant à la consommation de crack et de coke).
- La gentrification et le white flight continuent et les petits business quittent le centre pour s'exporter là où les classes supérieures vont s'installer, dans les suburbs.
Les ghettos s'accumulent et s'étendent. Le taux de criminalité atteint un pic en 1991/1992 (pour ensuite diminuer) et les premiers concernés (assaillants ou victimes) sont les Afro-Américains ( cf un rapport datant de 1993 du Departement de Justice p. 18, 20 et 22)
- le 3 mars 1991 (soit 9 mois avant la sortie du clip) Rodney King se faisait tabasser par la police. 13 jours plus tard, Latasha Harlins, 15 ans, tuée par balle par la propriétaire d'un magasin où elle était venue acheter du jus d'orange.

En bref, les conditions socio-politico-médiatico-économiques n'étaient pas franchement au top en 1991 au sein de la communauté Afro-Américaine.

C'est donc dans ce contexte que sort Dangerous, Black or White, et son clip.

Michael est une Black Panther, le message est clair. Du mois pour lui même.

L'action se passe dans une allée sombre et vide, où les poubelles et les magasins à l'abandon évoquent le ghetto.


Pas de musique, simplement les cris animaux de rage de Michael. Ses émotions sont confuses, il y a tellement en lui qu'il s'exprime sans transition, passant de la rage à la tension sexuelle, à la douleur. 


Ce qui a choqué l'Amérique, alors que 500 millions (non ya pas trop de zéros) de téléspectateurs ont regardé la première du clip, c'est le caractère sexuel et violent de la panther dance, qu'ils n'ont pas saisi du tout.

Michael en effet explose les vitres d'une voiture et d'un magasin, sans raison apparent (comprendre par là, sans raison qui ne requiert un minimum de réflexion de la part des spectateurs, ce qui n'est pas le fort du public idéal des grands groupes).
Quand il détruit une bouteille d'alcool, Michael se révolte contre les plaies de l'alcool et de la drogue au sein des communautés "minoritaires", dont les conditions lamentables les poussent à la consommation de ce genre de produits.
Quand il explose les vitres de la voiture, c'est pour exprimer son raz-le bol du fait que dans le pays de la liberté, de l'opportunité, de la justice "aveugle", une bonne partie de sa communauté ait entré le pays en tant qu'esclaves et se retrouve maintenant au fin fond de l'échelon social, cantonnés dans des endroits délabrés.
Les poubelles qu'il balance dans les vitres du magasin, évoquant aujourd'hui dans les esprit les émeutes de Los Angeles qui auront lieu un an après la sortie du clip, sont là pour montrer que la violence est le seul moyen d'expression qui leur reste. La non violence n'a pas marché, Michael est une Black Panther.

Mais le message était trop radical, et trop subtile.
La panther dance est censurée, Michael doit s'excuser publiquement et la séquence ne sera diffusée que tard dans la nuit sur les chaines spécialisées.
Et encore, la séquence diffusée a dûe être modifiée. "Ils" ont imposé à Michael de rendre sa violence "intelligible", en inscrivant des tags racistes sur les vitres qu'il détruit. 
Ils ont donc complètement modifié son message. Michael, dans cette vidéo du moins, ne se battait pas contre le KKK, les néo-nazis ou les insultes racistes ouvertes. Non, il se battait contre quelquechose de bien plus profondément ancré dans la société. Contre le racisme institutionnel, contre les disparités et les inégalités structurelles, pas contre des groupes marginaux aux idées clairement extrêmistes.

Version originale à gauche, très difficile à trouver aujourd'hui. Version après censure, à droite.
Comme l'a remarqué Elizabeth Chin dans son essai (je viens de remarquer que le liens que j'avais fourni dans mon article sur le paper n'est plus accessible, si vous voulez l'article de Chin, je l'ai), c'était très maladroit de la part de quiconque a rajouté ces graffitis d'avoir inscrit "KKK rules" de cette manière.
Le graffitis fait parti de l'art urbain, venant en grande majorité (totalité?) du mouvement hip hop, un mouvement Afro-Americain à la base. Donc un raciste affirmé, qui plus est membre du KKK, n'aurait jamais adopté un style d'expression d'origine Afro-Americain comme ça. Ce qui prouve à quel point la censure se fout de la complexité de la situation.

Et biensûr, la vidéo:


Comme il l'a dit dans une interview de 1999 sur MTV, "I think people at the time were concerned about the violent content of the piece but it's like... easy to look at..."
ici à 5:00:



Vendredi: je susi censée bosser mais je suis e train d'écrire ces lignes... hum. dans 2 heures, départ pour San Diego!

4 commentaires:

  1. C'est drôle ton tableau de lecteurs: pourquoi Singapour ou la Russie? Des MJ fans tu crois?

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  2. Jawohl, Deutschland!

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  3. @Mom: no idea! surement des MJ fans oui! Qui parlent français. Après c'est ptètre qu'il y a un mot dans mon blog qui est assez recherché dans ces pays là et ils tombent toujours sur mon blog par hasard, je ne sais pas!

    @Anonyme: Sarah?? :p

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  4. Surfers perdus??? Meme pas vrai...

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